Haïkus


C'est à Basho (1644-1694) que l'on attribue la fragmentation du tanka ou du poème lié (les opinions diffèrent selon les spécialistes), c'est-à-dire la pratique d'écrire un hokku sans souci d'enchaînement. Bien longtemps après Basho, Shiki (père du haïku et du tanka modernes, 1867-1902) donne un nom à ce "chaînon" isolé: haïku (haïkaï-hokku).

Qu'est-ce donc que le haïku? 
C'est un poème sans mots, c'est-à-dire très bref, un tercet d'habituellement 17 (5/7/5) syllabes. Il contient une référence à la nature (kigo), à une réalité non seulement humaine. Sobre, précis, subtil, dense, sans artifice littéraire, il évite les marques habituelles du poétique, telles la rime et la métaphore. Loin du grand souffle lyrique occidental, le haïku peut sembler anodin au premier abord; en fait, il est banal ou sublime, tout se jouant sur la corde raide tendue entre le poète et le lecteur.

En voici quelques uns que j'aime particulièrement :

     longue journée
     mes yeux sont fatigués
     de regarder la mer

aux vagues qui l'encerclent
on devine une petite île
dans la brume

     la mer est déchaînée
     jusqu'à l'île de Sado s'étend
     la Voie lactée

tiré vers la mer
dans le filet du brouillard
le soleil couchant

     le cerf-volant
     à la même place 
     que dans le ciel d'hier

sur la plage
je regarde en arrière 
pas la moindre trace de pas